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Je les sème au fil de l'eau. Parfois mots, souvent images, toujours bruts.

[samedi 14 juin 2003]

Cailloux dans l'eau (14:21)

Je jette un caillou dans l'eau. Comme chaque matin ensoleillé depuis mon arrivée, une petite main de vingt mois s'accrochent à la mienne et me tire jusqu'au front de mer. Et je jette un caillou dans l'eau. J'écoute le bruit caractéristique qu'il fait en heurtant la surface calme de la mer protégée par la barrière de corail et regarde l'onde circulaire se propager autour du point d'impact. J'ai remplacé quarante-cinq heures de travail quotidien dans une entreprise aujourd'hui sous perfusion par une durée non mesurée car sans importance à tenter quelques ricochets maladroits sur une eau plate pour les beaux yeux d'un citadin apprenti sauvageon. J'observe les mille histoires qui s'écrivent fugitivement le long de la côte : le crocodile de plastique vert et jaune échappant à son tout jeune propriétaire, la forteresse de sable qui s'effondre à la marée montante malgré les efforts incessants des petits ouvriers engagés dans un combat perdu d'avance, la paire de fesse imposante à la peau meurtrie par trop de soleil qui continue pourtant à s'exposer fièrement, la baigneuse surprise par un lâché de parachutistes militaires, la bouée jaune jouant dans la lumière du jour, le rocher solitaire que dévoile l'océan entre deux petite vagues... Et tout à coup cette course que je dois mener, sautillant maladroitement sur des cailloux s'attaquant à mes pieds tendres d'avoir trop longtemps été chaussés, à la poursuite de la petite tête fuyant sous sa casquette, lassée des histoires de plage qui se répètent à l'infini et de mes cailloux dans l'eau sage.

[S U I T E]

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[vendredi 13 juin 2003]

Nouméa (partie II) (15:15)

[S U I T E]

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[jeudi 12 juin 2003]

Chez Zam Zam (14:05)

	Z A M
Z A M

Ce matin, je suis retourné chez Zam Zam. C'est presque devenu une habitude, une pause dans des matinées qui comptent doubles tant le réveil est précoce sur la grande terre. Zam Zam est un petit café dans la zone asiatique de Nouméa, coincé entre le rutilant Port Moselle et la fière place des cocotiers. Dans ce snack misérable mais attachant, le temps s'est arrêté un jour et se refuse obstinément depuis à reprendre sa course folle. Dans une atmosphère sombre pour échapper à la chaleur , sous des ventilateurs inertes en cette saison, entre les murs jaunes et bleus sans nuances, décorés des vestiges d'un monde qui n'existe plus, je commande un grand café noir et un croissant que je partage avec mon petit bout d'homme. Le café est médiocre, voire mauvais, le croissant, trop sec, sans saveur. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de revenir échouer ici. Parce que tout est vrai, parce que je suis à l'abri des grosses berlines sillonnant la ville jusqu'à la pourrir, parce que je n'y croise que des locaux, parce que c'est un temple protégé des prix fous d'une cité victime de son succès et des salaires élevés des fonctionnaires. Chez Zam Zam, c'est un français déformé qu'on s'échange, des sourires en guise de bonjour qu'on se lance. C'est aussi un signe amicale de la main ou de la tête lorsqu'au hasard de ballades dans les boulevards de Nouméa, je croise des êtres dont j'ai partagé de minuscules instants fragiles, coincé entre le jaune et le bleu des murs du petit café sans âge, là ou le temps s'est un jour arrêté. Alors qu'importe la médiocrité du café et la sécheresse du croissant insipide, je sais que je reviendrai encore chez Zam Zam, premier snack dans lequel j'ai mis les pieds lors de mon arrivée ici, en Nouvelle Calédonie.

[S U I T E]

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[mercredi 11 juin 2003]

Anse du Kuendu (Partie II) (15:35)

[S U I T E]

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[mardi 10 juin 2003]

XXL (15:24)

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[lundi 09 juin 2003]

Parallèle (12:09)

Kuendu Beach Resort Hotel
J'avale une nouvelle bouchée de mon Hot Dog moutarde en regardant droit devant moi. Il doit être un peu plus de midi et je suis à la terrasse d'un café. Il y a seulement quelques jours, à la même heure, j'avalais un repas identique dans un endroit d'un genre similaire. C'était dans une galerie marchande, quelque part en Bretagne. Aujourd'hui, la plage de sable fin a remplacé le carrelage blanc et triste du super marché. Et le géant Pacifique vient mourir à l'endroit exacte occupé quelques semaines avant par une boutique de sacs à main et autres valises : là où cette bagagerie invitait au voyage, c'est ici que j'ai replié mes ailes pour enfin me poser. Je regarde le bleu du lagon sud. J'ai oublié la couleur de l'enseigne à l'autre bout du monde. Devant moi, un jeune homme, probablement militaire au vue de l'allure, fixe le même horizon que moi. Nos vies doivent être résolument différentes et sans doute même n'avons nous jamais fréquenté les même galeries marchandes. Pourtant, aujourd'hui, malgré nos parcours si peu semblables, nous sommes ici, à cette terrasse de bois, sous la hutte, dans le vent, les pieds nus jouant dans le sable et le regard perdu dans le bleu du Pacifique. Et je pense à tous ces gens si proches que j'ai laissées si loin alors même que j'effleure de l'objectif de mon appareil photo les tatouages de ce lointain inconnu aux cheveux courts.

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[dimanche 08 juin 2003]

Anse du Kuendu (23:22)

Plage du lagon sud

[S U I T E]

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Fenêtre aléatoire