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Cailloux
aléatoires
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Je
les sème au fil de l'eau. Parfois mots, souvent
images, toujours bruts.
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[samedi 13 septembre 2003]
Tête de loup
(19:02)


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[vendredi 12 septembre 2003]
L'oeil
(21:23)

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[jeudi 11 septembre 2003]
Prony
(19:13)
Il faut laver l'esprit trop critique des derniers jours, sortir la
tête des murs de Nouméa, tourner le regard loin du béton des tristes
bâtisseurs, poser les pieds ailleurs que sur le carrelage froid de
l'appartement, déplacer le corps hors du bureau cafardeux de la petite
France au travail. Fuir la rubrique des chiens écrasés, oublier les
grues, la politique... Respirer, tout simplement, prendre un gros bol
d'air frais, une claque des alizés, un bain de vie dans les
éclaboussures de ma femme et de mon fils.
Ma rencontre avec Prony le rouge, petit hameau à soixante kilomètres au
sud-est de Nouméa, est enfin l'occasion d'un plaisir retrouvé. C'est
cette terre là que je suis venu manger.
Prony, ce fut tour à tour le destin tragique des forçats,
l'exploitation minière, la lente agonie d'un site laissé à l'abandon,
cicatrices ensanglantées tournées vers le ciel, enfin la réhabilitation
à l'initiative de quelques uns. Aujourd'hui, c'est le régal des
promeneurs qui s'aventurent dans un décor que je me refuse à vraiment
décrire, encore tout entier à le vivre : taire ça et là quelques vestiges d'une
époque pas si lointaine, envahies par une végétation dévorante.
Chuchoter la baie, murmurer l'îlot Casy, le minerai sous les pieds,
la poussière rouge sur les vêtements, la rouille sur la peau...
Je reste sous le charme. Il me faudra y retourner, lieu
de fuite lorsque Nouméa pèsera trop lourd sur mes épaules.
Terre rouge, vertes claquettes, ballon orange, casquette grise, ciel
bleu : revenir à des joies simples, des couleurs tranchantes et se mentir
sur le paradis.
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[mercredi 10 septembre 2003]
Télé réalité
(17:55)


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[mardi 09 septembre 2003]
Les odeurs
(21:24)

Je ne parle pas des odeurs. La nature capricieuse ne m'a concédé que
deux trous inutiles au milieu du visage. Alors comment légitimement
écrire ce que je ne ressens pas? Dois je pour autant taire la surprise de
ne pas humer l'air marin qui enveloppe la Bretagne et que, malgré mon
handicap, je devrais également rencontrer ici? Cet océan là, au
contraire de l'Atlantique, ne semble fait que d'images et de sons.
En terre calédonienne, je ne retiendrai finalement des odeurs que
l'obsédant parfum de bébé. Il flotte dans la chambre de mon fils à son
réveil, excitant parfois chez moi une part de féminité que trois mois
d'une garde attentionnée ont su réveiller. Trente-trois ans que je ne
m'accordais qu'au masculin! Dans de telles conditions, je ne regrette
absolument pas mes deux trous au milieu du visage: ils me préservent du
superflu pour ne m'offrir que l'essentiel!
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[lundi 08 septembre 2003]
De paradis, point
(21:44)

Qu'il soit tordu le cou à une idée trop répandue qui fait de la Nouvelle
Calédonie un éden terrestre. Le paradis n'existe nulle part sur la
planète, ni, dans l'état actuel de nos connaissances sur l'univers,
dans tout l'infini de l'espace. Point de vue de non-croyant,
certes, mais point de vue ayant le mérite de replacer la réalité dans un
contexte dont elle ne devrait jamais sortir: celui que nous vivons et
non celui que nous fantasmons.
La Nouvelle Calédonie est dotée d'une nature rayonnante
et magnifique dont l'attrait est renforcé par son caractère insulaire
protégé par les récifs de coraux, ses grands espaces, sa faible
population, son climat alléchant.
Sa position aux antipodes de la métropole en fait une région pour
beaucoup inaccessible, lointaine et mystérieuse, donc forcément magique.
Si sa richesse est indéniable, une terre est avant-tout une affaire
d'hommes, qui naissent, vivent et meurent,
souffrent pour exister dignement, se cherchent une identité, écrivent
leurs petites histoires et leur grande histoire. Le caillou tient son
lot de malheurs et de déchirures, d'occasions manquées, de violence et
d'injustice. Et le quotidien de sa population, sauf pour une minorité,
est souvent à l'opposée des clichés cartes postales vantées par
les agences de voyage. Ce supposé eldorado brouille l'image réelle
de la Calédonie et entretient le malentendu.
Le paradis, en supposant qu'il existe, ne se résumerait
pas en une cascade de sable blanc, une pluie de cocotiers, une mer
turquoise et un soleil éternel. Et il est peu probable qu'au dessus des palmiers
flotterait fièrement le drapeau tricolore.
Ici, point de paradis. Juste les pièges tissées par une nature
généreuse et fantasque qui attendrissent le voyageur fatigué. Il dépose
sa lourde besace trop pleine de douloureuses histoires personnelles. Il
s'allonge, l'esprit vaincu, sur un plage qui semble n'attendre que lui,
sous les rayons gratuits, face à une mer intense et magnifique dont
l'écume menaçante est arrêtée au large par le récif protecteur.
Ici, point de paradis. Elle sonne à ma porte, j'ouvre, elle entre, dans
son regard l'inquiétude : trop en avance, trop en retard, forcément trop
de quelque chose, comme si même être là semble déplacer. Sa présence
chez moi deux fois par semaine est pourtant de mon fait. A peine le temps
de l'apercevoir et de tenter quelques mots maladroits qu'elle est déjà ailleurs,
dans une autre pièce. Je reste seul avec ses
lourdes claquettes dont elle s'est prestement déchaussée. Un instant le
silence, puis tout à coup l'agitation, plus énergique encore que son
habileté à s'éclipser. Je m'en vais en la laissant maîtresse des lieux.
Elle est de cette ethnie que le référencement qualifie d'européenne,
née sur cette terre d'une ascendance italienne qu'on fit échouer de force
sur le caillou durant les années de bagne. Elle n'a jamais vu la France
et ne la verra sans doute jamais. Elle gagne tout juste de quoi sortir des critères
l'étiquetant comme un cas social. Elle devrait se révolter et se tenir
main dans la main avec le peuple kanak pour changer la face d'un pays
aux inégalités criantes. Mais elle reste soumise, inquiète sans doute d'un futur
dans lequel elle n'aurait plus sa place en cas de trop gros bouleversements.
Ici, point de paradis. Elle fait simplement mon ménage.
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Dernière
publication le samedi 06 décembre 2003 à 13:44 |
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