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Cailloux
aléatoires
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Je
les sème au fil de l'eau. Parfois mots, souvent
images, toujours bruts.
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[samedi 28 juin 2003]
Pêche
(23:58)

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[vendredi 27 juin 2003]
Extérieur nuit
(23:54)


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[jeudi 26 juin 2003]
La métamorphose du jardin
(23:47)


[S U I T E]
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[mercredi 25 juin 2003]
Le nom de la rose
(14:00)
Kuendu Beach Resort Hôtel
Ce même jardin, cette même table, cette même chaleur hivernale
Un sentiment d'urgence même si la réaction semble tardive... Trop tardive hélas.
C'était il y a trois jours, sur les routes du Mont Dore, en flanc de mer. Ils étaient cinq :
quatre garçons et une fillettes. Ma légèreté m'en a déjà fait perdre deux. Noter les
autres, vite, avant qu'ils ne redeviennent des visages anonymes, comme les
centaines d'autres qui dorment dans la table de nuit de ma chambre, en métropole.
Nous nous étions arrêtés pour que la petite bouille puisse se défouler après une
heure de voiture qui commençait à l'ennuyer, le faisant pousser de grands cris propres
à lasser les parents les plus endurcis. La petite aire de jeu écrasée de soleil fut une
aubaine. Alors que je laissais femme et enfant prendre le mesure des tobogans
calédoniens, descendant au bord de l'eau pour glâner quelques images susceptibles
de nourrir ce journal, je les ai vu : enfants kanak jouant dans la mer comme tous les
bambins du monde, avec l'insouciance de leur jeunesse. Je regrettai le Leica
dormant toujours au fond de mon sac à l'hôtel. Sa vivacité me manquait pour
bien les saisir dans leurs amusements dominicaux. Je pensai au rendu que leur
peau humide innondée de soleil et des reflets de l'océan auraient pu laisser sur
de la Tri X noir et blanc. Je les figeai tout de même, en couleur, avec ce petit
appareil que me sert de bloc note et, en partie, de mémoire. Je leur demandai leur nom
avant de m'en aller, pour ne pas m'éclipser sans un mot, comme un voleur que je
suis pourtant malgré moi. Tous se présentèrent fièrement, avec le sourire, intrigués
aussi par leur image apparaissant sur le minuscule écran de l'appareil. Mais des cinq
noms qu'ils me donnèrent, deux se sont envolés, dispersés par les alisées de la
grande terre.
Les trois autres s'appelaient Zach, Mael et Roselyne. Ils sont là, dans le ventre de mon
ordinateur. Je me devais de m'en souvenir. Je leur devais de l'écrire.


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[mardi 24 juin 2003]
Vertes claquettes
(14:00)
Kuendu Beach Resort Hôtel
Jardin nuageux, temps lourd, torse nu, pantalon sale
Le changement, ce n'est plus seulement le ballon orange qui vole sur un déjeuner
léger avant d'éclater dans un bruit bref mais violent. Ce changement, c'est aussi
la paire de claquettes vertes inaugurée dans la douleur il y a quelques jours, poussette
au poing, lors de l'ascension vers fort Tereka, sur l'une des pentes de l'île Nou.
Je n'avais pas chaussé de claquettes depuis un siècle. C'était en France, chaque été
d'avant mes dix ans lorsque je passais mes vacances sur la côte bretonne. J'en
détruisais consciencieusement un ou plusieurs jeux chaque année. Aujourd'hui, vingt
ans plus tard en terre calédonienne, ma toute nouvelle paire de claquettes vertes
- celles de ma femme sont bleues pour ne pas les confondre - c'est un peu d'une liberté
retrouvée, celle prodiguée par l'insouciance d'une jeunesse douillette et jamais
oubliée. C'est un pied de nez aux chaussures de sport très modes et très chères, toujours
dépassées comme se plaît à le rappeler la publicité tapageuse des grands marques
du secteur. C'est une victoire sur le sable que ne peut s'y loger, sur le traître caillou
dissimulé dans l'herbe, toujours prêt à mordre dans les chaires, sur le corail tranchant
comme des lames de rasoir. Sans oublier la douce rythmique qui accompagne chacun
de mes pas vers des aventures que je n'ai pas encore commencées à écrire.
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[lundi 23 juin 2003]
Mauvaises raisons
(14:42)
Kuendu Beach Resort Hôtel
Le même jardin, le même soleil
Je marche d'un pas rapide dans les rues embouteillées de Nouméa. Je viens du bureau
de l'OPT où je devais récupérer un courrier recommandé de mon ancienne société, pour
aller au super marché casino Johnston retrouver ma femme, mon fils, sa poussette
et sa casquette. J'ai l'esprit qui travaille. Je ne suis jamais aussi efficace dans mes
réflexions que lorsque je marche seul et d'un bon pas. Quelque chose me tracasse
depuis quelques jours. Je l'ai presque saisi ce matin, en écrivant mes quelques mots.
J'accélère, traverse un boulevard encombré en remerciant d'un geste rapide mais
sans équivoque le luxuriant Pick Up qui me cède le passage avant de repartir, la benne
vide, comme toujours. Alors que je suis du regard le chrome du pare-choc s'éloignant, je comprends tout à coup la raison de la gène que j'éprouve au sein de ma nouvelle vie : j'y suis bien, très bien mais malheureusement pour de mauvaises raisons! Mon aise, je le tire
de ce qui, vue de métropole, me faisait vomir : la mer, la plage, le soleil, le sentiment
absolu d'être dans un véritable petit coin de paradis, hors du monde, protégé de ses
tourments et de ses excès. Je suis tout simplement en train de tomber vulgairement
dans le piège des cocotiers vantés par des agences de voyage en manque d'imagination.
Mon bien être est appréciable, réel, indiscutable. Mais son origine est malsaine.
A moins qu'elle ne soit tout simplement trop humaine. Quoi qu'il en soit, maintenant
que je suis parvenu à identifier clairement le sentiment désagréable qui m'habite, je vais
devoir construire mon plaisir en ces terres sur une histoire plus noble et plus intime que
celle que je vis en ce moment. C'est cette relation là que plus tard je veux pouvoir
raconter sans avoir honte d'être venu profiter des lagons parmi les plus beaux au monde.
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Visages
(10:28)
Kuendu Beach Resort Hôtel
Un jardin au soleil
Je repense à des visages régulièrement croisés en métropole. Des anonymes dont je ne
sais rien mais qui faisaient parties de mon décor quotidien, des rencontres rendues
possibles par des hasards de calendriers, d'horaires et de lieux de travail. Je faisais
sans doute moi-même partie de leur mobilier inconscient. Et tout à coup, j'ai disparu,
sans qu'ils ne s'en rendent compte. Pourquoi l'auraient-ils faits ? Je n'étais qu'un
fantôme urbain parmi d'autres, un homme régulièrement attablé à la même terrasse
sombre d'une austère galerie marchande, une personne poussant un caddie de provision
les jours de fin de semaine, un chauffeur impersonnel dans une petite voiture s'en allant
en morceaux...
Ce sont maintenant d'autres visages qui me viennent à l'esprit, des anges tous aussi anonymes mais rendus familiers parce qu'un jour j'ai eu la chance de les fixer sur un bout de gélatine en noir et blanc : des gamins de Sicile, de Tunisie, de Madagascar, du Cap Vert ou d'ailleurs; des mômes ou leurs parents que j'ai conscience d'avoir volés, des
sans-noms à qui je suis pourtant redevable. J'ai une dette dont il va bien falloir que je
m'acquitte un jour. Je commence confusément à ressentir l'une des raisons de mon
installation ici : tenter d'arrêter de prendre, de passer sans me retourner ni même parfois
dire au revoir pour essayer de construire et de m'investir dans l'échange. Mais aujourd'hui,
assis dans le jardin paradisiaque d'un hôtel bourgeois sur une île dont je ne connais
rien, je mesure l'ampleur de la tâche qui m'attend. Et la potentialité d'un cinglant échec
ne m'a jamais semblé aussi palpable qu'au moment où j'écris ces lignes.
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[dimanche 22 juin 2003]
Les pieds dans l'eau
(21:09)
[S U I T E]
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Dernière
publication le samedi 06 décembre 2003 à 13:43 |
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