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Cailloux
aléatoires
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Je
les sème au fil de l'eau. Parfois mots, souvent
images, toujours bruts.
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[samedi 27 mars 2004]
2014
(21:32)

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[vendredi 26 mars 2004]
Politique (épilogue)
(18:50)

Et à vingt-mille kilomètres de chez moi, dans un endroit étranger où je ne
jouis pourtant d'aucun droit aux élections locales puisque je ne justifie pas de dix ans de présence
sur le caillou, ici l'engagement. Curieux paradoxe que celui d'un homme qui découvre le militantisme alors qu'il
a volontairement, dans son choix à l'expatriation, mis en veille sa propre citoyenneté.
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[mercredi 24 mars 2004]
Politique (II)
(14:32)
Se rassurer aussi sur la femme qui, à l'approche d'une cinquantaine aux allures de
crépuscule, constatant amèrement les rides de son visage, se dit au moment
de régler son tier provisionnel qu'elle ferait bien mieux de dépenser son argent dans un
bon lifting et qu'il ne serait que grande justice libérale à défiscaliser les opérations de
chirurgie esthétique. Nouvelle peau, nouveaux seins, nouvelle paire de fesses, mauvais
esprit et vogue la galère!
Je me trouve à vingt-mille kilomètres de la terre bretonne qui me vit pousser mon premier cri et sur
laquelle des mains expertes me firent ma première cicatrice en me séparant du corps de ma mère.
Onze ans plus tard il y eut ce portrait qui s'afficha façon minitel sur tous les écrans
cathodiques de France et d'Outre-mer. Le gamin que j'étais alors sentit qu'il se passait vraiment
quelque chose ce jour là. Un peu après, la même vague d'optimisme porta mon oncle qui, la
rose aux dents, trouva une place dans l'hémicycle. Et même si dans un lointain futur la sénilité devait me gagner
parce que je ne daigne pas croiser les mots dans une grille, elle ne mangera jamais la part de ce
garçon naïf qui connut ces instants sans pourtant les comprendre. M'en défaire, ce ne serait pas vieillir
mais mourir.

En 1988, un mois après ma majorité, mon premier acte citoyen fut de participer à la
réélection de François Mitterand, ouvrant ainsi les portes de son second septennat chaotique. Entre
les deux tours de cette présidentielle, les kanak connurent une pression monstrueuse mais jamais leurs cris
ne sortirent des frontières de la Grande Terre.
La même année eut lieu le référendum sur la Nouvelle Calédonie et les accords de Matignon. Je m'en veux
bien sûr aujourd'hui de n'en conserver qu'un très vague souvenir, même si cette culpabilité de
circonstance est finalement ridicule.
Malgré l'immaturité de mes dix-huit ans qui ne me permettait certainement pas d'appréhender la complexité
du dossier en cours, je votai oui. Je distribuai ainsi dans mon esprit un double quitus : oui à la paix et oui
à la gauche revenue au pouvoir après deux ans de cohabitation. Pour le reste, c'est le trou noir, sans doute
parce qu'à l'époque je ne m'étais pas donné la peine de pousser la réflexion plus loin. Si je devais réécrire
ma propre histoire en tenant compte de mon expérience d'aujourd'hui, mon bulletin dans l'urne serait le même, accompagné pourtant d'une conscience que je ne possédais pas à l'époque:
celle d'offrir avant tout du temps à cette terre et à ses hommes, du temps pour agir, du temps pour construire,
aussi du temps pour guérir. Une part de réalisme cynique m'aurait sans doute aussi permis d'apercevoir le
coté revers de la médaille, l'autre pouvoir de ce temps offert: celui de pourrir la pomme avant qu'elle ne soit
équitablement distribuée et mangée.
Aujourd'hui encore, cinq ans après les accords de Nouméa, à la veille
des élections provinciales de mai prochain, construire ou pourrir restent deux verbes terriblement d'actualité.
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[mardi 23 mars 2004]
Politique (I)
(13:57)
J'ai toujours trouvé rassurante l'idée qui tend à montrer que le basculement qui s'opère
à droite à la faveur de l'âge des votants est plus dû à un sénilité galopante qu'à l'accumulation
de richesses au cours d'une vie. Rassurant parce qu'il est plus facile d'excuser la maladie qu'un
Arpagon en pleine possession de ses moyens intellectuels et financiers.

Mes parents jouent avec des mots qui se croisent et se flèchent. Ils m'arguent avec un sourire
qui ne m'abuse pas sur leur sérieux qu'il s'agit d'une muraille connue contre le syndrome
d'Alzheimer. Aujourd'hui, ils restent encrés à gauche même si le souffle humaniste
qui fut peut être le leur à une époque où je n'existais pas n'est plus qu'un simple filet
d'air issus d'un réflexe respiratoire inconsciemment entretenu par trente-cinq ans d'enseignement.
Le cruciverbisme devient ainsi une sorte d'alternative crédible et rassurante au militantisme, une
parade astucieuse et ludique au libéralisme exacerbé.
Mais le cynisme ne mène à rien. Se rassurer, c'est souvent se mentir. Être dégoûté, ce n'est pas
seulement se boucher les narines, tourner la tête et regarder ailleurs. A trente-quatre ans, je fais ce
que j'aurais certainement dû réaliser dans l'insouciance de mes vingt ans: frapper de ma main gauche
à la porte de gauche, quitter le rôle agréable du spectateur sympathisant, entrer et devenir acteur.
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[lundi 22 mars 2004]
Politique (prologue)
(13:21)
La tige brillante de métal froid s'enfonce entre les deux yeux, dessine un cercle rouge sur
le front humide, presse irrésistiblement l'os avant de le briser dans un sinistre craquement,
rencontre la masse spongieuse entre les oreilles, fourrage des deux cotés des hémisphères,
s'attaque sauvagement au coeur de l'esprit aveuglé. Elle écrase des neurones anonymes, détruit des
liaisons synaptiques confuses et trop orientées, reconfigure des connexions, dresse des barrages
ou ouvre des routes, élève des digues ou creuse des tunnels. Il n'y a pas de hasard. A refuser
l'obstacle, parfois plus jamais de saut.

L'outil, enfin, se retire.
Je me regarde ce matin dans la glace. J'ai l'air différent. En fait non, je suis différent.
La lumière qui passe par l'étroit carré découpé dans le mur de la salle de bain m'atteint
de profile et dessine un coté Jekyll et un coté Hyde. Je jette un rapide coup d'oeil par la fenêtre, trop
court pour que je puisse embrasser la scène autour de mon immeuble, suffisamment long pour confirmer
mon sentiment premier : je suis différent, mon regard est différent, ma pensée est différente.
Ce constat signe le succès de la tige brillante de métal froid, opération habillement exécutée par des chirurgiens de rencontre. J'apprends à me dire qu'ici n'est pas laid mais qu'il y a tout à y faire.
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Dernière
publication le dimanche 04 avril 2004 à 18:55 |
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