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Cailloux
aléatoires
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Je
les sème au fil de l'eau. Parfois mots, souvent
images, toujours bruts.
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[samedi 08 mai 2004]
Autour des anges (IV)
(00:04)
[ I V ]

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[vendredi 07 mai 2004]
Autour des anges (III)
(00:03)
[ I I I ]

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[jeudi 06 mai 2004]
Autour des anges (II)
(00:02)
[ I I ]

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[mercredi 05 mai 2004]
Autour des anges (1)
(22:07)
Juste un mur bleu du centre ville, interrompu verticalement par un volet roulant blanc et
traversé sur sa longueur par une onde schématique jaune. D'habitude, je m'inscris
dans ce décors sans jamais chercher à le sortir de son anonymat. Ce matin là pourtant,
une intuition... Mais l'appareil reste au fond de son sac. Il est trop tôt. Je sens, je regarde,
mais je ne vois pas encore.
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Autour des anges (I)
(00:01)
[ I ]

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[mardi 04 mai 2004]
L'autre arrivée
(23:07)
Ils sont là, descendus du ciel, venus d'un ailleurs qui fut un chez-moi et le redeviendra
un jour. Ils sont là, maintenant la tête en bas pour vérifier que celle de leur fille conserve son
bon sens. Papous et Mamous pour l'enfant, Papa et Maman pour la femme, Guy et Lili pour
l'homme. Ils sont là et autour d'eux, le visage fatigué mais heureux de ceux qui foulent
du pied l'endroit que la bible situe aux cieux. Les antipodes cristallisent les fantasmes des
gens qui ne savent pas rêver.
Les gens changent, l'histoire se répète, mon écriture bégaie.
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[lundi 03 mai 2004]
Tempête dans un verre d'eau
(10:45)

Mistral, c'était le chien romanesque de mes écritures enfantines, période Croc-Blanc. Il étala ses brèves
aventures, montra courage, fidélité, les dents aussi, sur quelques rares pages d'un petit cahier de brouillon
avant que je ne l'abandonne noyé dans mes tâches d'encre, fatigué de ma prose laborieuse.
Après, il y eut Zéphyr, étalon sauvage, forcément sauvage, robe claire et chaussettes noires, qui galopait
avec le vent, les sabots sur un coussin d'air le protégeant du sol. Ce fut ma période Crin-Blanc qui s'acheva
aussi brutalement que la précédente, faute de crayons.
Plus tard, dans un autre carnet inachevé, vint mon tour. J'étais le héros, tête boutonneuse de premier de la classe,
période dermatologue. Il n'en subsiste rien, pas même un bouton, encore moins un texte.
Nouvelle époque, nouveaux papiers, nouvelle plume, nouveaux décors, je me remis en scène, échos d'un échec
annoncé, feutre noir vissé sur le sommet du crâne, laine sombre rentrée dans un jean qui dévorait la lumière,
bretelles rouges pour faire briller l'ensemble. Période branleur, acné enfin rangée dans un placard. Je m'inventais
des ennemis pour le plaisir de les compter, m'essayais aux femmes qui s'ajoutaient rapidement
à ma collection d'objets perdus et contribuaient à la croissance glorieuse de mes inimitiés si soigneusement
entretenues. A force de pleurer sur les chose futiles, de rire des choses importantes, de me révolter contre le vent,
je fus rapidement à cours d'inspiration et les gribouillages de mes vingts ans rejoignirent une poubelle en forme
d'armoire. La France de la fin du vingtième siècle perdit ainsi le précieux témoignage d'une jeunesse qui faisait
de la vacuité un art de vivre.
Entre mes épisodiques écritures animales -je m'inclue dans ce bestiaire-, il y eut sans doute d'autres
ratures, mais si violentes sur le papier que le crayon n'y laissa que des trous qui digérèrent rapidement les coulures
de ma mémoire fragile.
Aujourd'hui, j'ignore ce qu'il advint du chapeau de feutre mou. Je ne rentre plus mes pulls en laine dans
mon pantalon et les bretelles disparurent un jour comme elles étaient soudainement venues se coller à mon
corps. Subsistent juste les jeans, leurs déchirures qui ne cessent de s'agrandir et l'envie de me raconter
une fois de plus, en quelques mots, quelques images aussi. Période aventurier bourgeois, oisiveté confortable.
Pied de nez à ma brève histoire artistique et littéraire, je ne peux m'empêcher de penser que Mistral, le Husky
de ma jeunesse, était probablement plus intéressant que je ne le suis aujourd'hui. Un bon coup de croc,
parfois, vaut mieux qu'une photographie prétentieuse. Avoir douze ans, l'alibi sublime, l'inattaquable excuse
à la médiocrité, quand chantent encore les sirènes du possible et que le cerveau se nourrit d'un monde tenue
par une gueule plus affûtée que celle de la bête coincée entre les lignes d'un petit cahier d'écolier.
Douze ans, je tuai l'animal en l'affamant. J'avais tort. Trente-quatre ans, je ne ressuscite pas les morts.
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[dimanche 02 mai 2004]
Prosélytisme
(14:02)

Militer, dans ce pays en voie d'émancipation où se construit une citoyenneté dont je suis
logiquement exclu, s'apparente un peu pour moi à un vote par procuration. Il s'agit, par une
action même modeste, d'amorcer quelque part, chez un individu anonyme, un processus complexe
qui m'échappera complètement mais conduira inexorablement une main inconnue à déposer
dimanche prochain, dans l'urne qui lui sera désignée, le bulletin que j'estime juste pour l'avenir de
ce pays.
Militer, c'est un moyen de m'arranger avec ma conscience et de dresser une barrière solide
entre elle et la culpabilité rampante du fait colonial.
Militer, c'est me réconcilier avec ce territoire, voyager au déjà des clichés, gratter les faux-semblants,
agir dans l'intérêt de toutes les communautés et découvrir qu'un système en apparence immuable, est
en train de se fissurer lentement mais sûrement.
Militer, c'est secouer l'épais manteau de poussière rouge, éternuer une dernière fois avant de se piquer
contre les allergies.
Ici plus qu'ailleurs, politique et culture dansent ensemble. Tranquillement, timidement, j'apprends quelques
pas. Je me structure, me construis. Ce pays fait de même.

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Dernière
publication le lundi 21 juin 2004 à 22:32 |
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