Je rêve.
Un feutre vert sous une lumière blafarde de polar à l'américaine. J'imagine d'abord
une table de billard désertée par les boules avant que le choc des cubes coccinelles ne
me ramène au jeu. Une main jette les deux morceaux de plastique. Les respirations se bloquent
autour du terrain, suspendues à la valse sur le gazon synthétique, danse de deux amants qui savent que tout
est fini mais prolongent leurs adieux pour amoindrir leurs erreurs. Et puis, chacun son bout d'herbe.
J'additionne les points noirs des deux volumes isolés, convertis rapidement la somme en une note
de musique que je fredonne sans me soucier de justesse.
Nouveau lancé, nouvelle somme, nouvelle note.
Et s'écrit ainsi, jet après jet, jour après jour, la cacophonie d'une vie de
hasard.
Je me réveille sur un fa dièse.