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Cailloux
aléatoires
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Je
les sème au fil de l'eau. Parfois mots, souvent
images, toujours bruts.
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[vendredi 07 novembre 2003]
Pas de cadeau
(21:36)
Le rapport qu'entretiennent les calédoniens avec l'argent est si exacerbé que
même les opérations commerciales prêtent à sourire.
Alors que je me promène dans l'enfer d'une galerie
marchande pour préparer un week-end en brousse, je ne peux manquer de remarquer le vendeur
ambulant qui vante sa camelote en invitant à l'essayer. Je m'apprête à profiter de l'aubaine, sachant
l'occasion rare en cette terre, et à m'approprier la cacahuète grillée enrobée de chocolat
que j'imagine à mon intention lorsqu'une pancarte au dessus de l'échoppe attire mon attention:
"ne peuvent goûter que ceux qui achètent". Ici le cadeau n'existe pas, ne s'envisage pas. La culture,
c'est la rage du prix fort. Plutôt laisser pourrir que de faire un geste !
Alors qu'à l'approche des fêtes de fin d'année je m'interroge sur l'ambiance étrange
qui doit régner sur le territoire en cette occasion, au plein coeur de la fournaise d'un
été violent, je me demande si je n'entrevois pas déjà une partie de la réponse:
ici, le Père Noël fait probablement la manche aux enfants.
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[jeudi 06 novembre 2003]
Sans soucis
(20:42)
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[mardi 04 novembre 2003]
Le Mwâ Kâ
(22:38)
C'était le vingt-quatre septembre dernier.
Ce jour là pourtant, j'ai tu
l'événement. Relisant mon journal à cette date,
je constate que je me suis juste contenté d'examiner
mon nombril, tâchant sans doute de m'inventer du talent.
Peut être avais je besoin de me donner du temps
pour assimiler ce qui se jouait alors. Peut être aussi que je ressentais
cette culpabilité d'être, par une naissance que je n'ai pas
choisie, du coté de l'agresseur historique.
Ce vingt-quatre septembre deux-mille trois fut marqué
par la commémoration du cent-cinquantième anniversaire de la prise de
possession de la Nouvelle Calédonie par la France. Jour de deuil pour
certains, grande fierté pour d'autres, indifférence pour beaucoup.
Mais aussi formidable occasion d'entamer la réconciliation et de
réaffirmer la notion de destin commun véhiculée par les accords de Nouméa.
C'est dans cet esprit que le comité du cent-cinquantième anniversaire invita,
Baie de la Moselle, les différentes communautés à festoyer et à dialoguer
autour du Mwâ Kâ, gigantesque sculpture investie des talents variés d'artistes
appartenant aux huit aires coutumières du territoire, avant d'aller le planter
symboliquement en ville.
Cet acte se voulait tout à la fois affirmation de l'identité kanak en
ses terres et main tendue vers toutes les communautés. Une
élégante manière, à l'initiative de ceux qui furent pourtant victimes
de l'histoire, de tourner résolument le dos au colonialisme et de regarder vers l'avenir.
En ce jour du vingt-quatre septembre, je me suis promené Baie de la
Moselle, cherchant au sein de la foule assemblée autour du Mwâ Kâ une
mixité ethnique qui aurait vraiment donné du corps à l'événement,
me prouvant ainsi que la communauté de destin n'est pas qu'une histoire servie
par les médias et les politiciens pour endormir les masses et s'assurer,
à moindre frais, de la paix sociale. Mais je me suis retrouvé tel que je
me l'étais imaginé inconsciemment tout en en rejetant violemment l'idée: un
blanc esseulé au sein d'un peuple dont la main ouvertement tendue était
ignorée. Dans une ambiance sérieuse sans être vraiment grave, mais très
éloignée de la fête qu'elle aurait dû être, j'ai pu
mesuré, impuissant, l'immensité du gouffre qui sépare encore aujourd'hui
les deux ethnies majoritaires de l'archipel. Et pendant que, Baie de la
Moselle, de vieux kanaks usés et courbés trouvaient, dans leur foi,
l'énergie de danser le Pilou sous le regard du seigneur sudiste venu
constaté l'étendu des dégâts, à quelques centaines de mètres de là, les
sujets européens de son altesse royale se massaient en nombre aux portes
de "Nautika", le salon de la mer qui venait d'ouvrir ses
portes ce même jour, comme par provocation. Car le Mwâ Kâ du caldoche,
s'il doit être gros et magnifique comme celui du kanak, doit surtout
flotter, résister à la tempête, être propulsé par des moteurs gonflés
de puissants chevaux, être suffisamment accueillant pour les fesses de
madame qui ne demandent qu'à se gorger de soleil sur le pont d'un
navire. Le Mwâ Kâ du caldoche le conduit à la pêche, le fait briller en
société, justifie tous les excès, les absences au travail, les pommes de terre
dans la marmite à chaque repas et les fuites d'eau sur le toit.
Le Mwâ Kâ du caldoche est un bateau brillant tracté par une voiture neuve.
Ironie cruelle d'un destin qui débuta à Balade en mille huit-cent cinquante-trois,
cent-cinquante ans après, le Mwâ Kâ de la réconciliation et de la résurrection, aux
dernières nouvelles, trône encore dans les jardins de la Province Sud,
kidnappé fortuitement, après que lui fut refuser la place des cocotiers,
par le plus farouche opposant à la cause kanak.
Bien que cet homme se présente comme l'acteur incontournable d'une paix
qu'il modèle à son visage, il est parvenu, sous le couvert d'une invitation
respectable, à confisquer et s'approprier un symbol à l'opposé de ses
convictions. Sans véritablement parler d'humiliation, ce qui
serait faire trop d'honneur à l'habileté politique du responsable de la
maison bleue, il y a quand même là une forme de récupération qui divise
les kanaks eux-même.
Ce sujet en apparence anecdotique mais symptomatique d'une unité
douloureuse et chaotique ne fit bien sûr jamais, sous cette forme, les honneurs du
journal télévisé du territoire, lequel préféra, comme à son habitude, souffler
l'optimisme béat des saints accords.
Le salon "Nautika", quant à lui, fut un succès, dixit le même journal
télévisé. Qui en douta jamais ?
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[lundi 03 novembre 2003]
Le crépuscule des dieux
(21:42)
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[dimanche 02 novembre 2003]
Etat de grâce
(22:08)
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Dernière
publication le samedi 06 décembre 2003 à 13:44 |
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